Femmes

Lynda Fitzgerald, ex-catholique, Irlande. Part4



La conversion
Deux semaines plus tard, je me rendis au Da’wah Center [centre d’information sur l’islam]. J’étais terrifiée et j’avais peur de dire quelque chose de déplacé. Khaled et son épouse m’y conduisirent; ce fut un moment très émotif. En sortant du centre, nous avions tous les larmes aux yeux. Je pleurai tout au long sur le chemin du retour.
Par la suite…
Je sentais toutefois que quelque chose n’allait pas. Étrangement, en changeant de mode de vie, j’étais devenue totalement accro à la télévision. Toute ma vie était axée sur mes prières et sur la télévision en soirée. Je n’étais pas heureuse de ce changement, mais je me sentais trop lasse pour y remédier. J’essayais de lire des livres sur l’islam, mais je me sentais saturée d’informations. Puis, à l’hôpital où je travaillais, des rumeurs commencèrent à circuler à mon sujet et vinrent à mes oreilles. Cela me mit vraiment en colère, car je détestais voir ma vie personnelle devenir le centre d’intérêt de mes collègues. Un soir, en rentrant du travail, je sentis que je ne pouvais continuer ainsi; je détestais rentrer et passer la soirée assise devant la télé; je ne pouvais plus supporter de n’avoir personne à qui parler ni à visiter, et mes week-ends étaient devenus de véritables cauchemars. Je me sentais seule et perdue. Ce soir-là, lorsque vint l’heure de la prière du ‘Isha, je ne ressentis aucune envie de la faire. Cela ne m’était jamais arrivé auparavant, et je passai deux longues heures à pleurer tout mon soûl.
Le jour suivant, j’avais les yeux affreusement gonflés et durant la journée, j’éclatai en sanglots à tout moment. Khaled me demanda plusieurs fois ce que j’avais, mais je n’arrivais pas à lui répondre; je me sentais terriblement honteuse, même si j’avais fini par faire la prière du ‘Isha, la veille, car je savais que je devais la faire. Je finis par tout lui avouer et il me rassura en me disant que même lui, parfois, traversait des périodes similaires, et que je ne devais pas avoir une mauvaise opinion de moi-même à cause de cela. Ce dont j’avais besoin, c’était de changer mes habitudes; il me suggéra de faire du sport, jouer au tennis, aller faire les magasins, lire un bon livre… Je lui dis que cela ne m’aiderait en rien car je me sentais très seule et ce dont j’avais besoin, c’était de gens à qui parler.
Ce soir-là, en rentrant chez moi, je sentis que j’allais perdre la tête. Je ne pouvais plus continuer ainsi. Après ma prière, je me prosternai et je priai, de tout mon cœur, demandant à Dieu : « Ô Dieu, je t’en prie, ne me laisse pas Te perdre, ne me laisse pas Te perdre… ». Je m’assis et jetai un coup d’œil sur les versets inscrits sur la couverture arrière du Coran; j’y vis al-Taakathour et après l’avoir lu, je compris que je devais laisser tomber toutes ces choses auxquelles j’étais attachée, comme la télévision, et toutes ces choses auxquelles j’accordais trop d’importance, comme l’opinion que se font les autres de moi. Je devais apprendre à me détacher de ces choses. Je sentis tous mes soucis me quitter, comme s’ils quittaient mon corps et mon esprit un à un.
Le jour suivant, après la prière du Fajr, je décidai de faire mes du’a de la même façon que j’avais vu les autres faire, c’est-à-dire en tournant mes paumes vers le ciel. Je priai Dieu de m’aider à me détacher des choses insignifiantes et de faire de moi une meilleure personne. Je sentis une paix et un bien-être tel descendre en moi que je bougeai le moins possible de crainte qu’ils me quittent.
Ce jour-là, au travail, je reçus la visite d’un collègue du département informatique : Anwar. Je ne l’avais jamais rencontré, mais il avait entendu parler de moi. Il me parla de la mosquée Rajhi et me dit qu’on y donnait des cours en anglais le vendredi. Je décidai donc d’y aller dès le vendredi suivant. Cette semaine-là, je n’allumai même pas la télé, je jouai au tennis et je demandai à l’un de nos chauffeurs, auquel je faisais confiance, de me conduire à cette mosquée.
Le vendredi matin, je me sentais très nerveuse et à la dernière minute, j’hésitai à m’y rendre. Et si on se perdait et que je me rendais à la mauvaise mosquée? Et si je faisais tout de travers? Mais comme j’allais enfin sortir de chez moi, je priai Dieu de me guider et de m’accorder l’issue la plus favorable. Et Il répondit à ma prière. Je fis la rencontre des Samir, une famille sri-lankaise venue vivre et travailler en Arabie Saoudite. Ce fut comme une nouvelle famille, pour moi; ils m’invitèrent chez eux et me traitèrent comme l’une de leurs. Que Dieu les bénisse et les rétribue. Je Le remercie chaque jour de les avoir choisis pour moi et de les avoir mis sur ma route.

 

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